Patagonie - Ushuaia
- Norbert Sauvageon
- 12 nov. 2015
- 4 min de lecture
Un de nos reves du tour du monde avant de partir était d'atteindre le bout du monde avec la ville d'Ushuaia.
Nous partons donc pour presque 30h de bus ( gloups...) afin de rejoindre la ville la plus autrale au monde dite "el fin del mundo". La plus australe? Et bien non! En fait il s'agit de Puerto Williams un peu plus au sud qui appartient au Chili mais beaucoup moins connue que la fantasmatique Ushuaia.
Le bout du monde se mérite, la terre de feu est en effet une ile séparée du reste du pays.
Il nous faudra donc passer par le Chili ( et oui, les frontières des mers entre le Chili et l'Argentine se jouent à rien !), descente de bus, douane, tampon, montée dans le bus, puis rebelote pour l'entrée sur le territoire... On est rodé maintenant ! Et prendre un ferry pour rejoindre l'Argentine.

On y est presque et en plus le ciel bleu est bien présent.
Sauf, dans les derniers instants... En arrivant sur Ushuaia, le temps s'est très vite gaté et on a été accueillis par une tempete de neige ! Sympa le printemps ici!

Le lendemain s'annonce bien meilleur et nous partons à quatre faire une petite randonnée vers un glacier en passant par les rues de la ville, qui n'a pas vraiment d'attraits.


Maisons typiques en Terre de feu. Les toits de toles sont très répandus.

Wahou ! Toute cette neige ca nous change et nous enchante !


Tadaaaa ! Voici le glacier... Là, droit devant... Bon ok, il est enfoui sous la neige, on voit rien !


Nous repartons tout de meme ravis, les joues vivifiées, avec Katryn, une allemande et Nans, un jeune francais originaire de Pau qui deviendra vite notre compagnon de trek pendant un long moment...
Le lendemain, nous partons en petit trek de deux jours dans le parc national Tierra del Fuego.
Il fait froid, il y a du vent et une partie du parc est fermé d'accès. Qu'à cela ne tienne ! On n'a pas fait 30h de bus pour rien, en accord avec notre ami Nans, on brave les recommandations et on se lance dans l'aventure!
Et on a bien fait, cette partie du parc était superbe ! Bon, il faut aimer la nature désolée, ici regnent en maitres le vent et le lichen, les arbres sont complètement dépouillés, voir morts, car les castors en font leur casse-croute. Ils ont été introduits par le gouvernement au milieu du XXè siècle pour développer le commerce de la fourrure. Sauf qu'ils n'ont aucun prédateur dans la région et ont proliféré comme des petits lapins. Résultats, ils déséquilibrent l'écosystème et les autorités le considérant comme un fléau veulent les éradiquer...



Cette balade gothique-romantique se révèle aussi très émouvante; car c'est sur ces berges que vivaient autrefois les indiens de la Terre de feu, les Yamanas.
Pour la petite histoire, lorsque Magellan découvrit cette partie isolée du monde, il apercut d'abord sur les bords des terres plein de fumée des feux des indiens dispersés un peu partout. Il décida donc de l'appeler Terre de fumée. Mais le roi Charles Quint décida qu'il n'y avait pas de fumée sans feu et la rebaptisa Terre de Feu.
Les Yamanas vivaient ici depuis des centaines voire un millier d'années, ils restaient sur les berges car la foret leur faisait un peu peur, ils construisaient des pirogues et vivaient de la peche et des coquillages, surtout des moules qu'ils ramassaient sur les bords.
Ils vivaient tout nus. Quoi??? Comment est-ce possible, meme avec ma couche de 4 vetements sur moi, je me les gèle ! Et bien, ils s'enduisaient de graisse de phoque et vivaient en permanence autour d'un feu meme sur leurs pirogues. J'ai beaucoup d'admiration pour eux, rien que pour avoir survécu sans vetements !
Sauf que les colons n'en avaient aucune et les voyaient comme des sauvages betes et inutiles. Ils les ont forcer à s'habiller et les ont christiannisés. Ca les a tués... à petit feu (bon, on peut bien rire un petit peu avec un jeu de mots !). Il ne reste plus aucun Yamanas de nos jours, quelques descendants métisses qui ne connaissent plus leur langue, ni leurs traditions.
C'est donc avec émotion qu'on imagine aisément les familles de Yamanas sur leur pirogues ou près d'un feu mangeant des moules cuites, et qu'on marche dans leurs pas. Il ne reste plus rien d'eux de leurs passages, si ce n'est quelques amoncellements de coquilles de moules à certains endroits.



Perchée sur mon arbre, je reve d'un petit feu bien chaud...

Une éclaircie pendant laquelle nous prendrons le gouter, une pomme à deux !

Le soir, nous avons dormi dans un refuge. On s'en souviendra toute notre vie, tellement on a eu froid ! Mais qu'est-ce qu'on a pu rire, à trois autour d'un poele et d'une bouteille de vin rouge !
Le lendemain, le soleil est présent et nous visitons le parc plus loin dans les terres.

Des poulains sauvages.

Woody Woodpecker ! Un oiseau emblématique de la région.

Un troll de la foret.
Bon, Nans m'a donné son autorisation pour la diffusion de cette photo sur le site !


Le soir, un bon gueuleton pour se récompenser !

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